La Revue de la florithérapie
Au fil de la vie Deuil

Consolations : la petite histoire du composé, entretien avec Pascale Millier

Le composé floral « Consolations », dont le nom est devenu à l’usage et au fil des retours le « Baume du Cœur » est un compagnon important en ce moment : les témoignages à son sujet n’ont jamais été aussi nombreux. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce composé qui a fait son entrée à la gamme DEVA en 2016, année des 30 ans du laboratoire, et du travail du recherche qui l’a précédé avec Pascale Millier, directrice scientifique et pédagogique du laboratoire.

Pouvez-vous nous raconter comment est né le composé ?

Son histoire est un recoupement entre la recherche du laboratoire DEVA qui a toujours été à la pointe pour apporter des solutions émotionnelles, pour traverser certaines périodes de la vie en associant des fleurs de Bach et des fleurs contemporaines, et mes recherches personnelles.

J’ai été pendant 7 ans bénévole dans une équipe de soins palliatifs à l’hôpital de la Croix Rousse et à l’hôtel Dieu, à Lyon. J’ai pu observer, chercher, ressentir, donner – avec l’accord bien sûr des équipes et des personnes qui partaient – des élixirs floraux.

Le point de départ, se situe  donc en 2004, avec cette expérience en soins palliatifs. Je connaissais déjà bien les Fleurs de Bach et c’est avec elles que j’ai commencé à travailler.

Lorsque j’ai pris la tête du laboratoire DEVA en 2012, je m’étais formée aux élixirs floraux contemporains, et l’idée de reprendre la recherche et de créer un composé spécifique pour aider à passer les étapes de deuil s’est imposée.

A partir de là, cette recherche a pris une dimension nouvelle : il s’agissait d’une recherche pour mettre en lien le végétal avec l’humain, et les humains entre eux, et pour cela  j’ai fait appel aux professionnels de la santé, aux thérapeutes qui sont au contact avec des personnes en souffrance dans des période de deuil.

L’objectif d’un composé est d’apporter un mieux-être, qu’il facilite la traversée d’une période, en l’occurrence d’un deuil, puisqu’on le sait et Elisabeth Kübler-Ross l’a confirmé : un deuil, qu’il soit petit ou grand, invoque les mêmes mécanismes. Ce qui change, c’est l’intensité de la souffrance et la durée.

Cette durée est propre à chacun, lorsqu’on parle de « petit deuil », qui sommes-nous pour juger comment un enfant vit la perte de son chien, voire même de sa poupée cassée ?

La thérapie florale permet cela : être à l’écoute, sans jugement, et elle tente de traduire les ressentis avec des fleurs.

Comment se passe le processus de sélection des fleurs retenues pour ce composé ?

Vous allez me dire : « Comment un composé peut répondre de manière vaste, universelle – c’est un grand mot ! mais c’est l’idée – et apporter une solution clé en main, incarnée ? ».

C’est tout sauf un process intellectuel, même si bien entendu il y a en toile de fond une démarche intellectuelle. Il s’agit vraiment de l’union du cerveau gauche et du cerveau droit qui sont à mon avis essentiels pour aboutir à la création d’un composé.

Ce qui a sous-tendu cette création, c’est tout le travail d’Elisabeth Kübler-Ross sur les étapes du deuil . Elle décrit 5 ou 7 selon ses livres :.

  • La première est le choc, avec le déni,
  • La deuxième : la douleur et la culpabilité,
  • La troisième : la colère,
  • La quatrième : le marchandage avec soi-même,
  • La cinquième : la dépression,
  • La sixième : la reconstruction,
  • La septième : l’acceptation.

Ces étapes ont été mon point de départ : j’ai essayé de répondre à chacune avec une fleur. D’abord des fleurs de Bach, puisque c’était celles que je connaissais le mieux à cette époque, puis en reprenant la recherche DEVA je me suis aperçu qu’il y avait des fleurs contemporaines qui allaient plus loin, qui étaient plus actuelles et j’ai donc sélectionné beaucoup de contemporaines pour arriver à un premier composé.

Il y avait bien sûr Etoile de Bethléem, pour le choc et pour la consolation puisque Bach dit qu’elle est la fleur des personnes qui refusent la consolation, qui n’arrivent pas à être consolées.

Cette fleur est restée la fleur centrale : c’est « la » fleur de Bach de ce mélange. Comme par hasard, elle a six branches et c’est autour d’elle que vont se mettre les six fleurs contemporaines.

En revanche au départ, j’avais sélectionné le houx pour la colère puisque c’est une étape qui fait partie du processus décrit par Elisabeth Kübler-Ross.  J’avais aussi sélectionné l’Ajonc pour la période  dépressive du « à quoi bon ? » et le Châtaignier.

Et puis les contemporaines sont arrivées, et plusieurs semblaient vraiment essentielles pour la traversée du deuil comme Cœur de Marie pour le détachement affectif : on ne parle pas seulement du deuil d’une personne mais on parle du deuil d’un projet aussi. Se détacher quand il faut accepter que ça ne se fasse pas.

Comme cette séparation s’accompagne de façon quasi universelle d’une tristesse au niveau du cœur, il faut du courage avec la bourrache – corago, le courage du cœur – pour dépasser cette tristesse. L’aubépine qui est une fleur pour les souffrants du cœur, qui ramène la paix au niveau du cœur : ces fleurs là se sont imposées d’emblée.

Que se passe-t-il lorsque la composition semble aboutie ?

Une fois qu’un premier composé semble répondre à ce qu’on en attend, il rentre dans une phase de test. Consolations est parti en test dans le courant de l’année 2013 : entre l’idée en 2004 et 2013, il s’est passé du temps !

Il est parti en test à l’aveugle chez un certain nombre de thérapeutes qui ont l’habitude de travailler avec les élixirs floraux, qui sont à l’écoute de leurs ressentis. Ils ont testé le composé sans savoir à quoi il était destiné, comme on le fait avec les unitaires.

Cette première phase a pris relativement peu de temps, dans ce cas-là, le bouquet floral a parlé tout de suite : d’une façon générale, ce qui est revenu unanimement est tout ce qui se joue au niveau du cœur. C’est pour cela qu’on l’a appelé « le baume du cœur », on nous parlait d’un état de confiance au niveau du cœur, d’apaisement…

Dans une deuxième phase, il été testé pour dépasser des deuils. Mais entre-temps, il y a eu des commentaires, des ressentis une fois que la formule a été partagée avec les thérapeutes qui ont fait ces tests.

Par exemple : faut-il, ou non du Myosotis pour les personnes qui veulent garder le lien invisible ? Est-ce que la présence du Noyer est nécessaire ? Ces deux fleurs – Noyer, fleur de Bach, Myosotis, contemporaine – sont en lien, c’est le cas de le dire ! avec le lien, lien avec une personne, un projet…

Le Myosotis est plutôt pris par les personnes qui souhaitent garder ce lien invisible, le ressentir. A l’inverse, le Noyer qu’on appelle aussi « brise-lien » permet de passer à autre chose.

Il est apparu que ces deux fleurs qui pouvaient être pertinentes pour certaines personnes n’avaient pas leur place dans la recherche d’universalité de ce composé.

Les propositions ont afflué, du terrain et des thérapeutes eux-mêmes : très curieusement – et le chercheur se doit d’être à l’écoute et ouvert à ce qui est proposé – les deux fleurs qui se sont imposées jusqu’au composé final de 2016 sont celles de citronnier et de jasmin.

Impossible d’avoir l’idée intellectuelle au moment où l’on réfléchit – il y a au départ une réflexion sur la façon de consoler les personnes qui vivent un deuil – de penser au Citronnier qui est plutôt connu pour apporter de la clarté d’esprit, ni au Jasmin qui est plutôt connu pour ses qualités de purification au niveau physique puisqu’il accompagne très souvent les personnes en période de désintoxication, de jeûne…

Et pourtant ce sont ces deux fleurs qui sont venues compléter le bouquet des fleurs validées par tous les thérapeutes qui ont testé ce composé floral.

 

Le Citronnier est effectivement inattendu dans la composition, pouvez-vous nous en dire davantage ?

Je le développerai avec les mots et images des thérapeutes. Quand j’ai cherché à comprendre ce qui faisait que le Citronnier semblait avoir sa place, il m’a été répondu que ce qui illustre le mieux le rôle de son élixir floral, c’est une image : lorsque le thé est bien infusé, très foncé, et qu’on ajoute le citron cela l’éclaircit. Le deuil n’est pas associé au noir dans toutes les cultures, mais intérieurement c’est associé à quelque chose d’assez sombre, dont parfois on ne voit pas le bout. C’est ce qui m’avait amené à penser à la fleur de Bach Châtaignier.

Finalement, c’est Citronnier, qui permet de sortir de la confusion. Certainement que dans la phase de marchandage que décrit Elisabeth Kübler-Ross  , il y a une confusion qui se situe au niveau des idées. On voit d’ailleurs bien dans la période que l’on vit aujourd’hui, c’est aussi une observation qui est faite et qui nous est renvoyée de personnes qui ont du temps, mais sont dans une telle confusion qu’elles ne sont pas au clair avec qu’elles doivent en faire.

Pour le Jasmin, je n’y aurais jamais pensé non plus ! Quand on parle d’inspiration, on pense toujours à l’iris, à la beauté… on pense moins au jasmin qui est moins spectaculaire, si ce n’est son odeur. Dans l’élixir floral de Jasmin, il n’y pas l’odeur mais au niveau invisible auquel agit l’élixir floral elle est bien transmise.

Dans son livre, Philippe Deroide écrit : « l’élixir floral de Jasmin nous relie aux valeurs spirituelles les plus nobles et les plus pures ». C’est sans doute ce que les personnes qui ont testé en situation de deuil ont ressenti : cette élévation vers l’esprit. N’oublions jamais que le fondement de la thérapie florale, c’est l’harmonie corps – âme – esprit : je dirais que le Jasmin va s’adresser au corps et à l’esprit.

Avec les autres fleurs, on est beaucoup au niveau du cœur, avec Etoile de Bethléem on est centrés au niveau de l’âme, et on est entre terre et ciel.

Les retours au sujet du composé mentionnent également une capacité à se projeter dans « l’après ». Cela faisait-il partie du projet de départ ?

Cette dimension s’est imposée dans les résultats. Bien sûr, il y a toujours eu la question du deuil, avec le départ d’une personne et la question de la vie après la mort, mais ça c’est un cheminement, ça reste une question.

Ce qui s’est imposé, dans le travail avec ce composé, c’est qu’à un moment ou un autre il faut passer par cette phase d’acceptation que décrit très bien Elisabeth Kübler-Ross, pour repartir. Lorsque j’ai présenté Consolations lors du Therapeuticum en 2016, j’avais partagé en conclusion la phrase d’Hermann Hesse « L’appel de la vie ne prendra jamais fin. Allez mon cœur, fais tes adieux et puis guéris ! ».

Le choix dont nous n’avons pas toujours conscience au niveau de l’acceptation, de la réflexion – et dans ce cas, le citronnier aide – c’est justement que l’on a le choix. Le choix de vivre avec son chagrin, avec sa douleur, ou le choix d’accepter de – non pas dire adieu, fermer une porte, ce n’est pas comme ça que ça se vit – mais de se donner le droit de continuer à vivre. De vivre des moments heureux, sans la personne à laquelle on tenait, le projet dans lequel on s’était hyper investi, qui crée un immense vide au moment où l’ont doit passer à autre chose.

Dans les témoignages les plus marquants – il y en a eu beaucoup – celui qui m’a le plus touché est intervenu après une conférence que j’ai donné au Salon Marjolaine le 13 novembre 2016 : un an jour pour jour après les attentats du Bataclan.  Une personne présente lors de la conférence a témoigné plusieurs mois après avoir commencé à prendre le composé Consolations, et avoir commencé à accepter de continuer à vivre. Elle avait perdu son frère lors des attentats, et elle nous a écrit pour dire ce par quoi elle était passée, et qu’elle se sentait « à nouveau capable d’entrouvrir son cœur ». C’est magnifique.

Pourquoi vous semble-t-il si adapté en ce moment ?

Ce qui ressort ces derniers jours, dans ce qu’il m’est donné d’observer – à travers les écrans ! – c’est un manque de contact humain, combiné à la peur de l’avenir, de l’inconnu et des difficultés d’acceptation.

On a tout ce qui peut nous aider à continuer à avancer sans savoir ce qui nous attend, en ayant à la fois la conscience de ce qui se passe – l’étape du déni dans le deuil il faut absolument la franchir, Elizabeth Kübler-Ross, dit qu’il faut mettre les enfant en face de la réalité du deuil – et en même temps, quand on parle du deuil, souvent on pense à la séparation définitive, à la mort, mais dans une journée on vit plein de petits deuils.

En ce moment, nous sommes en pleine phase de deuil : on est obligés d’accepter de se séparer d’un certain mode de vie, tout en ne sachant pas ce vers quoi on va et ce qu’on va trouver mais comme me disait un chasseur de tête croisé alors que j’avais vingt ans, et cherchais ma voie « tu apprendras ma chérie que pour attraper ce qui te tombe du ciel, il faut lâcher ce que tu tiens dans les mains ». Il a depuis longtemps quitté ce monde mais cette phrase m’est resté chevillée au cœur.

 

 

Vous aimerez aussi...

  • Martine
    1 mai 2020 at 16 h 55 min

    Consolations, ce composé est essentiel pour moi, il m’a aidé à faire le deuil d’un enfant qui n’a vécu que quelques heures et pourtant 40 ans plus tard son absence était toujours une plaie ouverte pour moi. Cet enfant est parti pendant mon sommeil, il avait été placé sous respirateur dans une pièce qui communiquait avec ma chambre de maternité, 3 heures après sa naissance.

    je me suis réveillée après un bref sommeil, je n’entendais plus le bruit du respirateur, j’ai sonné l’infirmière et lorsque j’ai posé la question, elle m’a dit ” Madame votre bébé est mort” il était 5 heures du matin, j’étais seule et la phrase m’a anéantie.

    je n’ai pas pu le voir et la cérémonie a eu lieu sans moi,

    je suivais une formation sur les fleurs de BACH et en parlant d’émotions de deuil, j’ai parlé de ce départ de mon Enfant, Mathilde m’a proposée le composé Consolations que vous veniez de mettre à disposition, je l’ai pris et peu à peu j’ai fait le deuil de mon Enfant.
    Je peux aujourd’hui en parler sans que les larmes me submergent et j’ai repris et donné ce composé, lors de la perte d’une Amie, pour sa Soeur et pour sa Maman. Une maladie éprouvante de cette jeune Maman de 37 ans qui a laissé une fillette de 10 ans.. Les effets ont été bénéfiques pour toutes.
    Bien sûr la peine est toujours là, mais l’acceptation se fait en douceur avec plus de sérénité.

    Voici pour commentaires deux deuils pour lesquels la prise de ce composé est réellement une aide précieuse, il y en a d’autres qui sont venus me conforter depuis dans ce côté réconfort apporté par le composé Consolations. C’est pour moi l’occasion de vous remercier.

  • Brigitte
    6 mai 2020 at 20 h 43 min

    Merci infiniment chère Martine de nous partager ce témoignage bouleversant.